Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Bonjour, et d’abord merci pour votre invitation. On va partager un excellent moment, j’en suis convaincu. C’est cette quête émotionnelle qui alimente la passion je crois.
J’ai 38 ans et suis originaire de Roanne. Je suis attaché à ma petite région, mais j’adore Lyon, et y vivre n’est qu’un éloignement très relatif. Parmi mes attaches au pays Roannais, comptent évidement mes deux enfants qui y demeurent avec leur maman, et un joli tas de cailloux qu’on rénove dans le pas à pas d’une nouvelle vie.
Je travaille dans l’industrie en périphérie de Lyon, pour la conception et l’intégration de procédés.
Quand as-tu commencé la course et par quoi as-tu commencé ?
Je ne croyais pas être un sportif à la toute première heure, mais ça aussi c’est très relatif.
A la période où les copains des classes primaires jouaient au foot ou au basket, je ne trouvais pas mon essence dans le sport. J’ai toujours été un peu sur orbite.
Cependant à la pré-adolescence, l’occasion d’une découverte de l’aviron a clairement généré autre chose. Malgré un titre en coupe de France (aïe, ça fait plus de 20 ans), avec le recul, je ne pense pas avoir eu d’autre talent que l’assiduité. Les heures en skiff sur la Loire m’apportaient ma fenêtre d’évasion. Dès lors, j’ai aussi toujours un peu couru à pied, vivant la course à pied, comme dans toute discipline sportive, comme un complément élémentaire.
Je ne me suis réellement rapproché de la « sphère » course à pied qu’à l’automne 2010, initialement dans un besoin exutoire. Qui a dit que la vie était un long fleuve tranquille ?
Quel type de courses te plait le plus ? Peux-tu nous présenter et nous parler de ton palmarès ?
Oulala mon palmarès ! Il est long comme une manche de débardeur !
J’ai accroché quelques bons chronos sur route, mais fait bien autant de bêtises en pêchant par gourmandise. C’est surtout de cette façon qu’on peut considérer mon ‘palmarès’.
On me prête souvent, et sans fondement réel je trouve, une étiquette de trailleur. Au sens de « touche à tout » je veux bien admettre, car c’est plutôt ce qui me caractérise : j’aime bien courir n’importe quoi… mais je travaille à ne plus le faire n’importe comment.
Pour répondre, j’ai de meilleures dispositions sur les surfaces rapides, avec 8’52’’ sur 3000m indoor. J’aime particulièrement l’effort du 10km route, où j’ai un record personnel en 31’34’’.
Puisque c’était au menu ces derniers mois, ne me cherchez pas dans la 1ère page des résultats de cross-country, je suis bonnet d’âne à l’école de l’athlétisme.
Quel est ton plus beau souvenir ?
De très beaux souvenirs sportifs, j’en ai énormément, et de tellement différents. Je le disais en entame, et j’y crois profondément, les émotions nourrissent ma passion.
Ne pas vouloir mettre en exergue un souvenir plus qu’un autre, c’est surtout veiller à ce que tous gardent toute leur intensité dans ma mémoire.
Parmi ceux-là, il y a aussi tant des grands moments publiques, des victoires sur moi, que des instants furtifs et inattendus, dans la solitude intime de l’entrainement. Ce sont les contrastes constants de notre sport.
Comment te prépares-tu avant une course comme l'heure sur piste ?
J’ai mis de coté un rouleau d’essuie-tout, il sera dans mon sac de sport, parce que souvent ça manque quand on fait un barbecue collectif.
Pour autre particularité de cet événement, il faut intégrer qu’on part tous pour la même durée d’effort, quelles que soient nos capacités. Ainsi l’échéance doit s’appréhender pour certains comme un 10km, pour d’autres comme un semi-marathon.
Partant de là, il n’y a pas qu’une seule recette pour le cheese-cake. Je peux simplement encore rappeler que ce n’est pas en vous exerçant à courir le plus vite possible pendant 1h que vous vous entraînerez à l'heure sur piste. Mais vous avez le droit de le croire.
Pour mes méthodes d'entraînement, c’est BE sport&conseils (alias Manu Bombaud), qui est à la régie.
Quels conseils donnerais-tu aux coureurs qui vont tenter de battre leur record ? Quels conseils clefs te paraissent indispensables à connaitre ?
« Partez à fond, vous ferez moins d’une heure ! ».
Je l’aime bien ce gimmick, il est de Marylène. En substance, ça résume parfaitement l’antithèse du « tout ce-qui-est-pris-est-pris ». Pour négocier votre salaire avec votre patron ça marche peut-être (ceux qui savent faire m’expliqueront, c’est sympa, merci), mais en course à pied ça ne paye jamais.
La piste offre un support calibré et hyper stable, et sur l’heure, on distinguera vite les téméraires des présomptueux.
Comment penses-tu gérer la course pendant ?
Tempo, tempo, tempo. Il s’agit encore une fois de trouver la frontière entre prudence et présomption ; car si on finit toujours par perdre le temps gagné, on regagne rarement celui perdu. Je sais précisément ce qui m’attend, et à la seule condition où tout se passe bien, je ne saurai pas en faire le constat avant 50’ au moins.
A partir de là, soit on limite la casse, soit on va chercher (en douceur) un peu de temps, seconde par seconde, au fil des derniers tours.
Bien entendu, si on parvient à cela en améliorant le final de 10" par tour, on pourra conclure à une gentille balade de hamster, mais certainement pas à une performance.
L'après course, comment le gères-tu ?
Comme j’ai demandé à courir la dernière série, je commencerai par m’assurer que quelques gros goinfres n’auront pas fait main-basse sur mon précieux rouleau de sopalin. Quelques minutes trottinées pieds-nus sur l’herbe du stade peuvent, ensuite, largement faciliter les jours suivants. Car il faut aussi penser à la suite, en tout cas telle qu’on la désire.
Prévois-tu un temps de récupération suite à l'Heure par exemple ?
Oui, clairement; un effort aérobie d’1h laisse des traces. Ça aussi c’est un des grands principes de Manu (BE sports&Conseils).
J’ai trop pêché par le passé pour ne plus y veiller. Comprenez ce que vous souhaitez, mais sans vouloir être rabat-joie ni donneur de leçon, même si on récupère toujours très bien de ses réussites, j’ai bien acquis l’observance nécessaire post-course.
Il demeure, toute la question avec un événement AAAL, c’est savoir « de quoi » a-t-on le plus besoin de récupérer…
Quelles courses préfères-tu ? Conseilles-tu ?
J’aime les gros événements parce que les gens me font marrer. Comprenez, ce n’est surtout pas de la moquerie, bien au contraire. Il y a tellement tout, ça ouvre le champ des possibles et ça décloisonne notre façon de penser la course à pied et de la pratiquer.
Et puis il y a ce qu’on appelle « les courses à saucisson », et alors celles-là… bah là on se marre sacrément aussi et entre copains… en fait on s'marre tout le temps :-)
Au contraire, quelles courses ne referais-tu jamais ? :)
Celles du samedi après-midi chez Auchan ; n’y allez pas. C’est une horreur : y’a un monde fou dans tous les sens, l’organisation laisse clairement à désirer, et on ne vous remet qu’à la fin un dossard de mauvaise qualité, avec un gros numéro écrit en tout petit.
Quels coureurs/champions t'inspirent ? Pourquoi ?
Les gens humbles et rêveurs, les gais, et les inconscients-réfléchis.
Après ça, je ne sais pas si j’ai le droit de citer du monde, mais c’est ma perception d’un R.Lavillenie, ou de notre plus proche C.Fleureton.